Je suis toujours ravi lorsque des scientifiques s’attellent à vérifier l’efficacité d’anciens remèdes naturels.
Ce qui me réjouit encore plus, c’est lorsque les résultats confirment ce que nous savions déjà depuis l’Antiquité !
Cela a justement été le cas pour une étude récente, qui s’est penchée sur les vertus antiseptiques de l’oxymel, une panacée déjà louée au temps d’Hippocrate.
Une association aigre-douce du tonnerre !
L’oxymel, un mélange de miel et de vinaigre, était recommandé dans la Grèce antique pour soigner les infections et les inflammations.
Son efficacité est telle qu’il a traversé le temps, du Moyen-Âge jusqu’à nous.
Comment un remède composé de seulement deux ingrédients naturels peut donner d’aussi bons résultats ?
C’est ce qu’ont entrepris de découvrir Freya Harrison et son équipe de chercheurs1.
Les résultats de leurs analyses ont été publiés dans la revue Microbiology et ils sont enthousiasmants.
D’autant plus que leurs tests se sont concentrés sur les biofilms bactériens.
Les biofilms sont des amas de cellules bactériennes protégées par une sorte de matrice et attachées à une surface, ce qui les rend très difficiles à éradiquer.
En effet, grâce à cette protection, elles sont beaucoup plus résistantes aux antibiotiques et cela devient réellement problématique, notamment en milieu hospitalier, où les biofilms peuvent se former sur les instruments chirurgicaux par exemple.
En parallèle, le miel et le vinaigre sont réputés pour posséder des propriétés antiseptiques et antibiotiques.
Mais c’est la synergie des deux ingrédients qui s’avère redoutable.
En effet, le miel seul, tout comme le vinaigre, n’a aucune efficacité contre les biofilms bactériens.
En revanche, les deux ensemble parviennent à détruire une bonne partie des bactéries protégées par leur biofilm !
Une recette miracle, digne des plus grands alchimistes en quelque sorte.
Le miel thérapeutique
Le miel possède des propriétés anti-infectieuses avérées.
Il empêche la prolifération bactérienne, virale ou fongique, grâce à une enzyme, la glucose oxydase, qui produit en petite quantité du peroxyde d’hydrogène (molécule que l’on trouve dans l’eau oxygénée) au contact de l’oxygène2.
Le pH légèrement acide du miel complète son action fatale sur les bactéries.
Voilà pourquoi tous les miels possèdent des propriétés anti-infectieuses qui peuvent cependant différer en fonction de leurs origines.
Ainsi, le miel de sapin sera plutôt recommandé dans le traitement des affections respiratoires ou du rhume, tandis que le miel de châtaignier, qui est un excellent cicatrisant, aidera à soigner les plaies, etc.
Les différents miels utilisés par l’équipe de chercheurs ont tous montré des résultats lorsqu’ils étaient associés au vinaigre, mais un en particulier s’est montré encore plus efficace contre les biofilms : le miel de manuka.
Celui-ci provient des fleurs de l’arbre à thé (leptospermum scoparium), aussi appelé manuka, qui ne pousse à l’état sauvage que dans certaines régions de Nouvelle-Zélande et d’Australie.
Ce miel unique contient une molécule, le méthylglyoxal, qui lui donne un pouvoir anti-infectieux exceptionnel3.
La concentration en méthylglyoxal (MGO) est dix fois plus importante dans le miel de manuka que dans tous les autres miels.
Or plus elle est élevée et plus le miel est actif.
Si vous cherchez à vous en procurer, cherchez sur l’étiquette l’indice MG ou MGO, il peut aller de 100 à 1000 (1000 milligrammes de MGO pour un kilogramme de miel).
Parfois, les fabricants affichent plutôt un indice UMF.
Il prend en compte le taux de MGO et d’autres choses comme la leptosperin, une molécule qui provient de la plante de manuka et qui permet de jauger la pureté du miel.
Le système de notation commence à l’UMF 5 et va jusqu’à l’UMF 33.
L’UMF 5 correspond à un miel plaisir qui n’a pas de vertus curatives.
Si vous cherchez un miel de manuka aux propriétés thérapeutiques vous devrez vous tourner vers ceux qui affichent un UMF de 10, au minimum.
Le vinaigre thérapeutique
C’est l’acide acétique que l’on trouve dans le vinaigre, qui lui procure ses nombreux bienfaits pour la santé.
Il est utilisé d’ailleurs couramment dans l’industrie pharmaceutique.
En effet, l’acétylation d’une molécule, c’est-à-dire sa synthèse avec un acide acétique, renforce l’effet de certains médicaments.
Tous les vinaigres contiennent environ 90 % d’eau et 5 à 8 % d’acide acétique.
En général, c’est surtout le vinaigre de cidre qui est vanté pour ses effets bénéfiques sur la santé.
La recherche met essentiellement en avant sa capacité à lutter contre le diabète et son action antimicrobienne puissante5.
En gargarisme par exemple (1 c.s de cidre, diluée dans un grand verre d’eau tiède), il est parfait pour lutter contre les maux de gorge.
Concernant l’oxymel testé par Freya Harrison et son équipe, il semblerait que le vinaigre de grenade soit cependant celui qui ait présenté l’activité la plus puissante lorsqu’il était associé au miel.
L’oxymel d’Hippocrate
Pour combattre les affections hivernales (rhume, maux de gorge, toux…) ou intestinales (nausées, maux d’estomac, difficultés à digérer, gastro-entérite, etc.), vous pouvez fabriquer votre propre oxymel très facilement.
La recette est simplissime !
Achetez un bon vinaigre de cidre ou de grenade bio.
Choisissez le miel de votre choix, sachant que celui de manuka est le plus efficace mais aussi le plus onéreux.
Et enfin, complétez avec quelques plantes médicinales choisies en fonction de votre problème de santé (par exemple de l’hysope pour la grippe, de la sauge pour les maux de gorge, de la mélisse pour les intestins, du plantain pour la toux…).
Dans un bocal à conserve de la taille qui vous convient, mettez deux à trois cuillères à soupe d’herbe(s) séchée(s) (ou à café si votre bocal est petit), remplissez ensuite à moitié avec du vinaigre, et complétez avec le miel.
Fermez le bocal et patientez trois semaines en le retournant de temps en temps.
Filtrez et conservez votre préparation dans une bouteille ambrée.
Prenez une cuillère à soupe pure, ou diluée dans un fond d’eau, le matin à jeun le temps que vos symptômes disparaissent.
Votre oxymel se conservera de 6 mois à 1 an.
Si vous n’avez pas envie de vous lancer dans cette préparation, je vous recommande vivement l’oxymel de chez Ballot-Flurin.
Un produit exceptionnel de fabrication artisanale, biodynamique et non pasteurisé !
Il se compose de 50 % de miel de fleurs sauvages, de vinaigre de cidre français et de menthe poivrée.
Connaissiez-vous l’oxymel, cet incroyable remède ancestral ?
A bientôt,
Laurent
- Harrison F, et al. Sweet and sour synergy: exploring the antibacterial and antibiofilm activity of acetic acid and vinegar combined with medical-grade honeys. Microbiology (Reading). 2023.
- González-Ceballos L, et al. Straightforward purification method for the determination of the activity of glucose oxidase and catalase in honey by extracting polyphenols with a film-shaped polymer. Food Chem. 2023
- Johnston M, et al. Antibacterial activity of Manuka honey and its components: An overview. AIMS Microbiol. 2018.
- Gheflati A, et al. The effect of apple vinegar consumption on glycemic indices, blood pressure, oxidative stress, and homocysteine in patients with type 2 diabetes and dyslipidemia: A randomized controlled clinical trial. Clin Nutr ESPEN. 2019
- Yagnik D, et al. Antibacterial apple cider vinegar eradicates methicillin resistant Staphylococcus aureus and resistant Escherichia coli. Sci Rep. 2021