Vous arrive-t-il de souffrir de problèmes de santé récurrents qui, malgré tous vos efforts, ne guérissent pas ?
La réponse se situe peut-être dans votre passé. Plus exactement, dans les traumatismes de votre enfance.
Ces “coups” que vous avez reçus dans votre psyché laissent des blessures qui mettent plus de temps à guérir qu’on ne le croit.
Les 7 types de traumatismes précoces
Une étude1 menée par une clinique de San Diego auprès de 14 000 adultes a montré que plus de 50 % d’entre eux avaient subi au moins un type de traumatisme pendant l’enfance, tandis que plus de 25 % déclarent avoir subi plus de deux types de traumatismes.
Cette étude montre que les traumas vécus durant l’enfance sont ceux dont les effets sur notre corps sont les plus durables.
Voici les 7 types majeurs de traumas identifiés par les chercheurs qui nuisent à notre bien-être :
- Abus physique
- Abus sexuel
- Abus psychologique
- Vie avec des membres de la famille dépendants de drogues, d’alcool ou de substances addictives
- Témoin de violence envers sa mère
- Vie avec des membres de la famille ayant été incarcérés
- Vie avec des membres de la famille souffrant de maladies mentales ou suicidaires
Les effets à long terme des traumas sur la santé
Toujours selon cette étude, les événements de notre enfance ont une incidence directe sur l’augmentation des comportements à risque durant l’âge adulte. Notamment :
- Risques plus élevés d’alcoolisme
- Risques accrus de toxicomanie
- Taux plus élevés de dépression
- Taux plus élevés de tentatives de suicide
- Augmentation des infections sexuellement transmissibles
- Obésité sévère et réduction de l’activité physique
- Prévalence accrue de maladies chez l’adulte, notamment les maladies du foie, les maladies pulmonaires chroniques, le cancer, les fractures osseuses et les maladies cardiaques.
Tous ces éléments contribuent à un vieillissement biologique accéléré, entraînant une dégradation de l’organisme à un rythme beaucoup plus rapide que ce que l’on pourrait attendre de l’âge chronologique des participants à l’étude.
Mais l’impact des traumas va encore plus loin…
Trauma et espérance de vie : un mystérieux lien découvert par la science
La science étudie depuis plusieurs années la théorie dite de l’« early life adversity » (épreuves de la petite-enfance) selon laquelle ces traumatismes, notre corps ne les oublie pas. Il les garde en mémoire, pas seulement dans le cerveau, mais aussi dans ses cellules, son ADN.
Et cette mémoire traumatique a des effets négatifs non seulement sur notre santé, mais également notre longévité.
Comme le montre une autre méta-analyse datant de 20202, les traumatismes de l’enfance joueraient sur différents aspects du vieillissement biologique :
- raccourcissement des télomères (les extrémités des chromosomes qui jouent un rôle crucial dans la stabilité génétique) ;
- accélération de la dégénérescence de l’ADN par méthylation (l’ajout de petites molécules de méthyle aux autres structures moléculaires) ;
- altération des fonctions cognitives à cause de l’amincissement cortical et réduction de la connectivité entre l’amygdale (impliquée dans le traitement des émotions) et le cortex préfrontal (impliqué dans la régulation émotionnelle et la prise de décision).
Les signes que vous avez été frappé par un trauma dans l’enfance
Ces répercussions sur la santé commencent à se manifester pendant l’adolescence et le début de l’âge adulte.
Voici quelques réponses courantes identifiées par l’American Psychological Association (APA)3 :
1. Sentiments intenses ou imprévisibles : vous pouvez ressentir de l’anxiété, de la nervosité, de l’abattement ou de la tristesse. Vous pouvez également vous sentir plus irritable ou changeant d’humeur plus souvent que d’habitude.
2. Changements dans les schémas de pensée : vous pourriez avoir des souvenirs répétés et vifs de l’événement. Ces souvenirs peuvent survenir sans raison apparente et entraîner des réactions physiques telles qu’une accélération du rythme cardiaque ou des sueurs. Il peut être difficile de se concentrer ou de prendre des décisions.
3. Perturbation du sommeil et de l’appétit : les habitudes de sommeil et d’alimentation peuvent également être perturbées – certaines personnes peuvent trop manger et dormir, tandis que d’autres peuvent perdre le sommeil et l’appétit.
4. Sensibilité aux facteurs environnementaux : les sirènes, les bruits forts ou d’autres sensations environnementales peuvent stimuler des souvenirs de la catastrophe, créant ainsi une anxiété accrue. Ces « déclencheurs » peuvent s’accompagner de craintes que l’événement stressant se reproduise.
5. Relations interpersonnelles tendues : des conflits accrus, tels que des désaccords plus fréquents avec les membres de la famille et les collègues, peuvent survenir. Vous pourriez également devenir renfermé, isolé ou vous désengager de vos activités sociales habituelles.
6. Symptômes physiques liés au stress : des maux de tête, des nausées et des douleurs thoraciques peuvent survenir et nécessiter une attention médicale. Les conditions médicales préexistantes peuvent être affectées par le stress lié au traumatisme.
Comment inverser la tendance
Prendre conscience de l’existence de ces traumatismes est déjà un premier pas vers la guérison.
Heureusement, il existe aussi des moyens reconnus pour inverser le vieillissement accéléré de notre métabolisme causé par les traumas.
Des thérapies spécialisées, telles que la thérapie par l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) ou la thérapie cognitivo-comportementale, peuvent aider les individus à surmonter les traumatismes de l’enfance en travaillant sur les émotions et les croyances négatives associées à ces expériences.
La pratique de techniques de gestion du stress, comme la méditation, le yoga ou la pleine conscience, peut également contribuer à la réduction des effets négatifs des traumas sur le corps et l’esprit.
Dans une prochaine lettre, je vous parlerai d’une méthode sur laquelle je suis tombé récemment, et qui pourrait vous donner des clés pour faire face au stress.
À bientôt,
Laurent
[1] https://www.ajpmonline.org/article/S0749-3797(98)00017-8/[2] https://psycnet.apa.org/
[3] https://www.apa.org/topics/trauma/stress